Page 21 - lettre_crhssoccitanie_35m
P. 21

1. Promotion par la CDCA de l’assurance privée    Les responsables du syndicat poursuivent leur affir-
                                                                mation : « nous avons la loi avec nous. La France
              L’appel en faveur d’une désaffiliation conduit impli-  ne  respecte  toujours  pas  les  directives  euro-
              citement à promouvoir la mise en concurrence du   péennes, qui préconisent le libre choix de sa caisse
              régime de Sécurité sociale. Cette promotion s’est   de retraite et d’assurance maladie. » C’est par le
              révélée  progressivement  explicite.  Une  lettre  du   biais de cet argumentaire pourtant infondé que la
              29 septembre 2000 est adressée par Pierre Vérot,   CDCAE de la Dordogne argue son « intention de
              responsable régional de la CDCAE de Bourgogne,    saisir le Procureur de la République de Périgueux
              à  l’ensemble  des  adhérents  de  la  CDCA en  ces   et de porter plainte contre les caisses qui continuent
              termes : « Il n’a jamais été question évidemment de   à réclamer des cotisations à leurs adhérents. »
                                                                                                       64
              laisser  un  seul  d’entre  vous  sans  « couverture
              maladie » et nous avons dû nous battre pour mettre   2. Organisation par la CDCA de l’insolvabilité de
              en place un contrat de groupe avec des compa-     ses adhérents
              gnies  sérieuses,  connu  par  tous  sous  le  terme
              UNICORN ». Pour rappel, cette lettre s’inscrit dans   Un ancien sous-directeur et responsable du conten-
              un contexte de démarchage des adhérents de la     tieux URSSAF affirme que « la CDCA et la CDCAE
              CDCA par une autre assurance privée, ce qui fait   sont à l’origine de la défaillance des milliers d’adhé-
              état  du  monopole  assurantiel  que  promeut  la   rents de son syndicat, qui, parce qu'ils avaient obéi
              CDCA.                                             à ses consignes, se sont vus, à leur retraite, récla-
                                                                mer  par  les  caisses  artisanales  le  règlement  de
              Un ancien responsable recouvrement AVA déclare    leurs cotisations non payées et se sont retrouvés
              que « La CDCA proposait en lieu et place de la cou-  contraints de vendre leur boutique pour faire face à
              verture légale de la Sécurité sociale des contrats au-  des dettes parfois faramineuses. Quant aux com-
              près d’une (ou plusieurs je ne me souviens plus pré-  merçants, ils n’ont pas échappé au dépôt de bilan
              cisément) compagnie d’assurance anglaise basée    et à être placés en redressement judiciaire ou liqui-
              à Bristol de mémoire avec des fonds situés dans les   dation judiciaire. »
              ‘paradis fiscaux’ des îles Anglos Normandes entre
              autres. »                                         L’insolvabilité des adhérents était organisée dans le
                                                                dessein de promouvoir les comptes « offshore », la
              Christian Poucet justifie ce lien avec les assurances   stratégie de la CDCAE étant d’inciter ses adhérents
              étrangères : « Il faut savoir qu’aucune compagnie   à se délocaliser.
              d’assurance française n’a voulu nous prendre en
              charge puisque la loi Veil leur interdisait de le faire   « Quelques dizaines d’artisans et commerçants tra-
              dans la mesure où nous refusions l’affiliation au ré-  vaillant et vivant en France ont mis fictivement leur
                                                                                                       65
              gime obligatoire. C’est la raison pour laquelle nous   entreprise en location-gérance outre-Manche » .
              avons été amenés à créer notre propre compagnie   Un Directeur de l’Organic « condamne en droit et en
              d’assurances à l’étranger, à délocaliser notre siège   fait  l’attitude  de  ces  commerçants ».  Mais,  paral-
              à Bruxelles, et à mettre en place un système d’ac-  lèlement,  « beaucoup  ont  découvert  le  caractère
              cords entre le CDCAE et des compagnies d’assu-    opaque et risqué de ces placements sous la hou-
                                                       62
              rance  étrangères,  ce  qui  est  tout  à  fait  légal. »    lette  du  mouvement  (placement  douteux  aux
              Ainsi, « il a bien fallu trouver un moyen de garantir   Açores soupçon de malversation etc.). Mais quand
              une protection à nos adhérents à qui nous deman-  vous êtes pris dans l’engrenage d’une dette sociale
              dions de refuser de payer leurs cotisations. »    toujours plus lourde, difficile de s’en sortir. »
                                                    63












              62  Christian Poucet, En plein liberté.., op.cit.
              63  Ibid.
              64  Sud-Ouest, Quotidien, 4 juillet 2001,
              65  L’article reproduit à la page suivante relate le point de vue d’un boulanger « délocalisé ». Le texte indique : « À l’aube de ses
              40 ans et du haut de de ses 23 années d’expérience, il troque l’habit du travailleur indépendant pour endosser celui de gérant de société. Mais
              domicilié au pays de Galles ce qui l’exonère des charges sociales françaises. À l’en croire, le registre de commerce de Cardiff sera bientôt plus
              fréquenté que le stade de rugby d’Arms Park, une cinquantaine d’émules à la délocalisation ayant déjà ouvert la voie. »


                                                           21
   16   17   18   19   20   21   22   23   24