Page 30 - LIno22r
P. 30
CONCLUSION GENERALE
La caisse de MSA du Gers est passée par quatre temps : celui de l’émancipation, celui de l’affirmation,
celui des doutes et celui de l’ouverture.
Le temps de l’émancipation correspond à ses débuts, lorsqu’elle devait lutter pour obtenir le monopole
des adhérents sur le département. Cette lutte politique s’est traduite par la modernité de son action
sociale. Il ne faut pas non plus oublier ici le rôle de la législation de Vichy qui lui permettra un monopole
sur le département.
Le temps de l’affirmation fait référence à la période durant laquelle la caisse va s’adapter à son
environnement. Adaptation matérielle d’abord avec le changement de ses locaux comme avec la mise
en place d’une réforme du temps de travail. Adaptation sociale ensuite. Ici, elle souhaite moderniser la
pensée rurale par le biais de petits opuscules visant, de manière indirecte, la place à accorder aux
femmes dans le travail agricole, mais aussi la place des parents au foyer. La principale innovation ici
sera la création de l’AMASSAG et son domaine de Pagès à Beaumarchès, véritable vitrine de l’action
sanitaire et sociale qui vise aider et à accompagner les enfants en difficulté. Sa mission est autant de
soigner les enfants que de les accompagner durant leur temps scolaire. Cette affirmation est tout aussi
locale que nationale. Elle est particulièrement l’œuvre du président Baurens. Sur ce point précis, la
caisse du Gers va se mettre en avant comme garante de l’autonomie, de l’unité et de la spécificité du
régime agricole tout en s’évertuant à conserver le calcul et le montant des bases contributives. Au plan
national, elle critique l’évolution de l’octroi des prestations familiales qui impose désormais des
conditions de ressources.
Vient le temps des doutes dû aux crises. Une crise financière d’abord qui débouchera sur une crise
politico-syndicale dont le cœur sera la contestation du pouvoir de la MSA La crise financière vient des
difficultés de financement de la protection sociale agricole par les agriculteurs. Après des
augmentations répétées sur plusieurs années, les pouvoirs centraux décident une réforme des
cotisations sociales agricoles. Celle-ci substitue au revenu cadastral le revenu dit « professionnel ».
Dans le même temps, la PAC est repensée avec la réforme Mac Sharry dont l’objectif est de réduire à
la fois la production et les aides directes au revenu des agriculteurs. Pour repousser les échéances de
paiement des cotisations sociales, seront alors mis en avant les arguments tenant à la diminution des
revenus agricoles. La réforme financière fait naître alors un conflit politico-syndical entre la FDSEA.,
d’une part, et deux syndicats minoritaires dans la représentation consulaire, d’autre part, à savoir la
Coordination Rurale 32 et le GAAMIR. Ceux-ci s’en prennent à la réforme des cotisations, au poids de
la tutelle et se veulent désormais seuls dans l’expression de la colère agricole. Derrière cela, l’enjeu
est évidemment de prendre le pouvoir à la MSA, sans y arriver.
Enfin, l’ouverture est successivement réalisée par les présidents Marcel Baudé et Daniel Gesta.
Ouverture, c’est-à-dire prise de conscience que la MSA du Gers ne pourra plus accomplir l’ensemble
de ses missions si elle ne se coordonne pas avec d’autres caisses de la région. Après avoir écarté d’un
revers de main, pendant longtemps, l’idée d’une mise en commun des moyens, la caisse gersoise
s’inscrit dans le mouvement de regroupement opéré par le « plan stratégique institutionnel » qui
débouche sur la Fédération Midi-Pyrénées Sud (et ce, après la fin de l’Union Départementale de la
Mutualité Agricole du Gers avec un direction commune à la MSA et à Groupama, dernière Union de ce
er
type en France). Suite au décès de Bernard Pladepousaux le 1 avril 2015, c’est le président de la
caisse gersoise, Daniel Gesta, qui a été élu président de la Fédération Midi-Pyrénées Sud, preuve s’il
en est de la reconnaissance du poids de la caisse du Gers.
30