Page 13 - lettre info21 21_05_v10
P. 13
Cette différence entre les deux niveaux d’existence constituait une grande injustice sociale.
Dès les années 1920, la politique nataliste des Etats européens est un débat public. Avec le
Comité international pour la vie et la famille, Isaac veut mettre en avant « un réel projet pacifiste et
internationaliste » , la League of nationale Life anglaise, minoritaire, promeut, de son côté, une vision
51
nataliste par opposition aux mouvements qui prônent « une vision exclusivement moralisatrice » . En
52
Allemagne, à partir de 1933 et de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, la politique nataliste est un pilier étatique
qui permet d’afficher la grandeur de la nation allemande. Le Troisième Reich « place la défense de la
famille et de la natalité au service du renforcement de la puissance de la nation, voire d’une expansion
territoriale » . Ici, le pouvoir est aidé par des « associations natalistes mais aussi [par des] institutions à
53
affichage familialiste, comme l’organisation allemande des familles nombreuses » .
54
Si l’on suit le raisonnement de Tardos, l’Allemagne était mieux préparée à faire face à la guerre
que la France, aussi grâce à sa législation nataliste. L’Allemagne promouvait le fait d’avoir des enfants
en accordant des aides ou des avantages fiscaux à ses familles, ce que la France a mis trop longtemps
à comprendre.
Les vœux formulés par le conseil d’administration du 12 juin 1936 sont clairs : les particularités du
monde agricole nécessitent que les pouvoirs publics prennent l’initiative d’une modification de la légis-
lation actuelle des allocations familiales, dans le sens d’une adaptation plus exacte aux particularités et
aux besoins de la profession agricole et d’une extension de la loi aux agriculteurs chargés de famille,
employant ou non de la main d’œuvre agricole salariée.
Pour Tardos, le bénéfice des allocations familiales aux exploitants agricoles « était déjà un résultat » .
55
Très vite donc, le conseil d’administration se préoccupe de la politique nationale des aides sociales, en
particulier des allocations familiales, afin de mieux aider le monde agricole.
Faire bénéficier les exploitants agricoles des allocations familiales n’est pourtant qu’un début pour
Tardos :
Une lacune subsistait cependant : un certain nombre de chefs de famille étaient privés de ces
allocations : exploitants et artisans agricoles, petits patrons et artisans du commerce et de l’industrie,
membres des professions libérales, médecins, avocats etc. C’est pourquoi le Gouvernement Daladier a
promulgué en juillet 1939 un décret que l’on a surnommé le Code de la Famille.
La C.A.D.A.F. du Gers n’est toutefois pas la seule à s’occuper des questions sociales. Aussi faut-il
rappeler le rôle joué par la C.D.A.S. en la matière. Il est en effet prévu par le titre 6 de la loi du 30 avril
1930 que les agriculteurs peuvent se doter de structures plus adaptées à leur volonté d’indépendance
vis-à-vis de l’autorité administrative. Il est prévu que les salariés agricoles seront affiliés à des sociétés
de secours mutuels composées exclusivement d’assurés agricoles. A défaut de choix, les intéressés
seront affiliés à la section agricole de la caisse primaire départementale du régime général .
56
51 CAPUANO (Christophe), « La construction des politiques natalistes et familiales durant l’Entre-deux-guerres : modèles
et débats transnationaux », in Revue d’histoire de la sécurité sociale, 2012/1, n°5, p. 33.
52 Ibid., p. 34.
53 Ibid., p. 43.
54 Ibid.
55 PV CA C.A.D.A.F., 6 mars 1940.
56 GROSS-CHABBERT (C.), op. cit., p. 9.
_____ 13 _____