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Cette fusion est aussi le moyen pour la Caisse gersoise de réaffirmer sa volonté d’indépendance
          et de monopole sur le territoire du département. En effet, le directeur a dès lors « tous pouvoirs pour
          signer ou s’il y a lieu contester les états de répartition des éléments d’actif qui doivent être établis par
          les Caisses régionales ou départementales de Pau, Toulouse et Agen, et s’entendre avec leurs repré-
          sentants pour la reprise des comptes de Caisses locales sociétaires qui depuis le 1  janvier 1943 sont
                                                                                           er
          rattachées à notre Caisse ».
               Les caisses de Pau et d’Auch étaient en effet toujours compétentes dans le Gers. Le 13 septembre
          1943, Mesplé-Lassalle rappelle que « lorsque le bénéfice de la loi du 11 mars 1932 sur les allocations
          familiales fut en 1936 étendu aux professions agricoles, deux Caisses, celle de Pau et celle d’Auch
          furent agréées pour assurer son application dans le département du Gers ». Logiquement pour lui, il
          existait plusieurs « inconvénients qui résultaient de cette dualité de Caisses » mais il est soulagé que la
          situation ne soit plus d’actualité. « En effet l’arrêté du 26 novembre 1942 publié au Journal Officiel du 17
          décembre 1942 a prononcé la fusion partielle de la Caisse de Pau en ce qui concerne ses opérations
          dans notre département avec la Caisse de Gers ». La Caisse gersoise est donc « seule pour appliquer
          le Code de la Famille dans le Département ».

               Mesplé-Lassalle conclut ses propos sur le monopole de la Caisse gersoise dans le Gers ainsi :
               ‘‘Nous sommes certains que vous vous réjouirez avec nous de cette unification qui simplifie
               les rapports des adhérents et des bénéficiaires avec notre Caisse et facilité le contrôle de
               toutes les opérations administratives.‘‘



               L’unité de la Caisse est conservée par le Gouvernement Provisoire de la République Française
          et par la IVème République. Dès le 10 septembre 1945, le préfet du Gers appelle les « auditeurs à se
          montrer disciplinés autour des responsables qui doivent être des hommes de la terre, qu’ils auront pla-
          cés à la tête de leurs organismes professionnels » . Par-là, le préfet entend assurer l’unité au sein de
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          la Caisse. En effet, le même jour est lu l’arrêté du ministre de l’agriculture du 2 juin 1945 qui nomme
          président du Comité d’administration provisoire de la Caisse Auguste Sempé et comme vice-président
          Raymond Saint-Avit. La présidence est donc renouvelée. Le préfet espère donc que le monde agricole
          se rangera derrière ce choix et souhaite que l’ordre règne dans le département.



               Il  faut  se  demander  si  ce  renouvèlement  a  volontairement  écarté  les  anciens  dirigeants  de  la
          Mutualité Agricole. Rappelons la composition du bureau au 13 février 1943. Bernès était président ; le
          comte Dillon et Pérez vice-présidents. Les administrateurs étaient Alfred Baurens, Ducom, Ferradou,
          de Montfort, Paouillac, Porterie, Sabathier, Saint-Pé et Sainte-Marie. Le directeur était Mesplé-Lassalle.
          L’arrêté du ministre de l’Agriculture du 2 juin 1945 recompose le Comité d’administration provisoire des
          Caisses mutuelles d’assurances sociales et d’allocations familiales agricoles du Gers. Auguste Sempé
          est nommé président et Saint-Avit vice-président. Les membres du bureau sont Augelé, Béon, Bour-
          gade, Luron, Lacoste, Lafforgue, Pujos, Seguin et Sentou. Le bureau est donc entièrement renouvelé.
          Si le renouvèlement est intégral, une seule explication s’impose : il s’agit de sanctionner le bureau qui
          a collaboré avec l’Etat français.



               Mais l’œuvre unificatrice inaugurée par Vichy n’a pas été remise en cause . Elle a même été
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          reconnue par les textes du Gouvernement Provisoire qui rappellent la spécificité du régime agricole.






          65  PV AG de la C.A.D.A.F., 10 septembre 1945.
          66  Cf. LAGES (Michel), op. cit., p. 218.






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