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Le développement des aides sociales en agriculture
Vichy promeut dans sa propagande la création de manière ex nihilo d’une politique familiale d’aides
sociales de grande ampleur. En réalité, « Vichy n’est pas parti de rien puisqu’il existait déjà, sous la Troi-
sième République, un ensemble de mesures de très grande ampleur en faveur des familles ». Même, si
l’idéologie développée par Vichy met en avant sa politique d’aides sociales, il reste que dans les faits les
moyens mis en œuvre ne reflètent pas l’ambition. Pour s’en convaincre, il faut « regarder le budget de
l’Etat publié au Journal Officiel du 1 janvier 1941 (p. 57) : celui-ci laisse voir qu’en réalité, la famille n’est
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pas une priorité : 4 millions de francs pour cette ligne budgétaire au lieu de 50 millions pour la jeunesse
et de 78 millions pour les sports » . Cette affirmation doit toutefois être nuancée. Elle oublie de prendre
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en compte les sommes attribuées par les caisses locales. Il faut ensuite s’intéresser à l’après-guerre
pour constater un développement des aides sociales en agriculture.
Tout fraichement élu président le 10 septembre 1945, Auguste Sempé fait un discours lors de
l’assemblée générale et en présence du préfet du Gers qui montre l’évolution de la considération du
monde agricole :
‘‘La classe paysanne tout comme la classe ouvrière a vécu pendant des siècles à peu près
cachée de tous. Les travailleurs guettés par la maladie, surpris par la vieillesse, les familles
pauvres qui voyaient toujours avec angoisse augmenter le nombre de leurs enfants, ne
pouvaient jusqu’à ces dernières années, compter sur leurs économies impossibles à réaliser
par leur simple travail. La République, en créant les Assurances Sociales et les Allocations
Familiales a mis fin à ces angoisses. Désormais, les travailleurs savent qu’ils sont aidés
d’une manière substantielle. Les familles nombreuses savent qu’elles pourront élever conve-
nablement le nouvel enfant qui s’annonce .‘‘
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Suivant ce discours, les aides sociales concernent les points suivants : la maladie, la vieillesse
et la pauvreté. Pour le président Sempé, il s’agit de lutter contre ces fléaux qui acculent le monde pay-
san, comme ils accablent le monde des ouvriers de l’industrie. En réalité, il s’agit de lutter contre un
éventuel désintérêt de la population vis-à-vis des professions agricoles. Déjà, dans les années 1940,
la majorité d’entre elles ne vivent pas confortablement des revenus que leur apporte leur travail. Un
complément de revenu est donc nécessaire. Le président Sempé craint, de manière prédictive, que les
« effectifs » de la population agricole diminuent considérablement à terme.
De manière concomitante, la reconnaissance de nouvelles aides sociales en agriculture amène
un surcroît d’activité de la Caisse gersoise. Celle-ci est alors dans l’obligation d’acheter du nouveau
matériel afin d’accélérer son fonctionnement et de répondre à une demande accrue d’aides prove-
nant de l’ensemble du département. C’est ainsi que le 11 mai 1946, « le Conseil décide de prendre en
charge l’achat de la machine à faire les adresses (« Adrema ») et des appareils nécessaires à son bon
fonctionnement » .
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Les aides sociales concernent aussi les vacances. Le Front populaire avait généralisé en 1936
les deux semaines de congés payés à l’ensemble de la population active. Néanmoins, la population
agricole peut difficilement partir en vacances, du fait même de son métier. Les récoltes ne peuvent pas
attendre ; le bétail doit être nourri. Mais si les parents agriculteurs ne peuvent pas partir en vacances,
les enfants ne le pourront pas non plus. C’est pour cela que se développent un peu partout des colonies
de vacances.
82 ROLLET (Catherine), « Vichy et la famille. Réalité et faux-semblants d’une politique publique. Christophe CAPUANO,
PUR, 2009, 354 p. », in Revue d’histoire de la protection sociale, 2009/1 (N°2), citations p. 134 et p. 133.
83 PV AG de la C.A.D.A.F., 10 septembre 1945.
84 PV CA de la C.A.D.A.F., 11 mai 1946.
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