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n° 29
Novembre 2021
Les ambiguïtés du Caducée
Seconde partie
La Lettre d’information précédente était consacrée à la première
partie de l’étude d’Albert Anouilh : « L’État, la santé publique, les
médecins. Aspects socio-historiques (1776-1892) ». Elle couvrait
la période de la Société royale de Médecine à la fin de l’Ancien
Régime jusqu’à la période hygiéniste sous la Restauration.
Dans cette Lettre, il revient dans une introduction conséquente
sur l’épidémie de fièvre jaune de Barcelone en 1821 qui va voir
s’affronter en France partisans et adversaires de sa contagion.
Ensuite, en 1831, la pandémie de choléra arrive en Europe de
l’Est où seront envoyées des missions médicales puis mises en
place de lourdes mesures sanitaires dans l’hexagone. Le choléra,
s’il n’épargne aucun milieu, est révélateur de la question sociale.
Dans les pages suivantes Albert Anouilh aborde plusieurs thèmes de 1830 à la fin du
XIX siècle :
e
- L’hygiénisme : il entend, dans les années 1830, prendre en charge par l’asile le traitement
de la folie alors qu’à partir de 1850 l’hérédité devient son facteur explicatif. Ensuite, les travaux
de Claude Bernard et de Louis Pasteur remettent en cause les fondements de la médecine
et modifient le regard porté sur la maladie, la santé apparaissant comme un bien nouveau
pouvant déboucher sur une obligation d’assurance.
- La profession médicale : elle s’organise, après le premier congrès médical de France en
1845, les médecins attendent de l’État la reconnaissance du corps médical, la presse
médicale apparaît et deviendra un outil de lobbying comme L’Association générale des
médecins de France reconnue par Napoléon III en 1858. Dès le début de la IIIe République,
les médecins, classe sociale nouvelle, se lancent à la conquête du pouvoir dans les mairies
et au Parlement.
La santé publique deviendra un élément de l’ordre public sous l’autorité des maires confortés
dans leurs pouvoirs par la loi municipale du 5 avril 1884.
- L’exercice de la médecine : la loi du 30 novembre 1892 qui y est consacrée, concerne les
docteurs en médecine, les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes (aux attributions
réduites). Leurs diplômes sont délivrés par la Gouvernement Français (limitant l’accès des
diplômés à l’étranger), ils sont inscrits sur des listes administratives, peuvent se constituer en
associations syndicales et l’exercice illégal de ces professions est pénalement sanctionné.
Cette loi reconnaît le monopole des docteurs en médecine face aux officiers de santé,
organise les rapports de la médecine et de l’État, consacre l’exercice libéral de la médecine
qui sera conforté par la charte de la médecine libérale de 1927.
Je remercie Albert Anouilh pour son étude qu’il a brillamment présentée à l’Assemblée
générale du Comité régional d’histoire de la Sécurité sociale Midi-Pyrénées en juin 2021.
Michel Lages,
Président du Comité régional d’histoire
de la Sécurité sociale de Midi-Pyrénées