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Deux établissements se dégagent donc ; l’un à Beaumarchès, l’autre à Germ . Le Gers semble
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en retard sur cette question de l’aide des enfants en difficulté, si bien que la vitrine de son action nouvelle
paraît être la future Maison d’enfants de Pagès.
Quelles familles et quels enfants cette aide concerne-t-elle ? La Maison d’enfants de Pagès
a pour fonction uniquement de loger ou d’éduquer les enfants dont les parents sont en tutelle
« officielle ou officieuse » 134 . Elle ne concerne donc qu’une partie des enfants d’agriculteurs. Le ou
les parents doivent avoir préalablement été placés sous tutelle. Si la notion de tutelle officielle n’a
pas besoin d’être ici expliquée, celle de tutelle officieuse pose davantage de problèmes de compré-
hension. La tutelle officieuse existait bien dans le Code Napoléon de 1803 mais avait été abrogée
par une loi du 19 juin 1923. Ce n’est donc pas cette notion là qu’il faut rechercher. Quand bien même
cette mesure aurait encore été en vigueur dans les années 1950-1960, l’article 364 du Code civil
disposait de manière limpide que « cette tutelle ne pourra[it] avoir lieu qu’au profit d’enfants âgés
de moins de quinze ans ». Cette « tutelle officieuse » semble pouvoir être assimilée à une sorte
de tutelle factuelle en fonction de la situation des parents. Aucun critère n’a jamais été posé par la
Mutualité Agricole pour définir cette notion 135 .
Quoiqu’il en soit, l’objectif de cette Maison d’enfants est alors de fournir un toit et une éduca-
tion à ces enfants issus de milieux en difficulté. Le but est de les soustraire à la précarité du foyer
familial et de permettre au mieux leur éducation. Cela fait écho au Petit guide des parents : comment
éduquer nos enfants de 3 à 14 ans. En effet, si les parents semblent s’écarter trop loin des missions
qui leur incombent suivant ce livre, leurs enfants devront être placés dans cette Maison.
Les années 1950 sont marquées tout d’abord par des changements organisationnels au sein
de la Mutualité Agricole du Gers. En premier lieu, la législation nationale entraîne la caisse à réflé-
chir à l’organisation de l’échelon local. Cette réflexion débouche plus largement sur des conflits
concernant la représentation du monde agricole au sein de la Mutualité.
En second lieu, des réalités strictement départementales amènent la caisse à s’interroger sur
une nouvelle organisation interne. Ici, le premier problème concerne les locaux. Ceux fournis par
la Maison de l’Agriculture ne conviennent plus. Cela est dû à l’augmentation de l’activité. Après dix
années de réflexions, d’échanges, d’impasses et d’ouvertures, la Mutualité Agricole inaugure en
1959 son nouvel immeuble qui répondra, pour un temps, à ses besoins. Le second point concerne
le personnel de la Caisse, qui aura été très compréhensif. Celui-ci n’hésite pas à accepter des pro-
longations d’horaires afin de répondre aux besoins des agriculteurs.
Ensuite, la Mutualité Agricole prend le pas des nouveautés sociales. D’une part, elle s’immisce,
de manière concrète, dans la pensée rurale. Cela passe par une réflexion fournie par des Petits
guides sur le rôle des parents ou sur le travail, ou encore par des avantages financiers. D’autre part,
elle entend répondre au défi des politiques d’action sanitaire et sociale en créant l’A.M.A.S.S.A.G.
Cette association a alors pour but d’aider les enfants issus de familles en difficulté.
133 Les procès-verbaux des différentes assemblées générales ou conseils d’administration passent très rapidement sur le
second pour sembler ne se consacrer qu’au premier. En effet, ils ne mentionnent plus l’établissement de Germ.
134 PV CA de la C.A.D.A.F., 13 octobre 1956.
135 Il n’a pas été possible de trouver si d’éventuelles conditions ont été dégagées par la pratique ce qui aurait nécessité
d’accéder aux dossiers pouvant concerner des personnes existantes, les délais de consultations ont été opposés.
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