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santé (ACS) est limitée faute d'avoir atteint « le
               rendement  214   que  les  pouvoirs  publics  pen-
               saient qu'elle aurait » selon M. Claussin. Con-
               trairement  à  l'ASS  des  années  70  et  80  qui
               étaient  le  pré-carré  des  administrateurs  en
               matière  de  politique  sociale,  celle  des  années
               2000  est  un  produit  des  politiques  publiques
               sujette à des évaluations en cascade permettant
               de déterminer son efficience par rapport à des    Bernard Gil
               indicateurs chiffrés d'objectifs plutôt que sur l'im-  Président du Conseil de la CPAM-HG
               pact à long terme des actions mises en place.     Les prestations à caractère « social » font l'objet
               Les pouvoirs publics sont à la recherche de l'uti-  de propositions de réduction : afin de survivre,
               lisation la plus efficiente de l'action sanitaire et   l'action devient plus sanitaire que sociale. Les
               sociale. Cette citation du Directeur Claussin il-  conseillers ne valident cette tendance et expri-
               lustre le fonctionnement de l'Assurance maladie   ment leurs inquiétudes quant à l'indépendance
               et de la Caisse au regard des contraintes mul-    de la CASS et sa pérennité 219 . Ils n’approuvent
               tiples : « La  CPAM n'est pas  le seul  acteur  de   que deux des dix propositions de la Direction.
               santé  et  le  CPG  n'a  pas vocation à régler  les
               problèmes de santé. La vocation fondamentale      La volonté de lutte contre le renoncement aux
               d'une CPAM, c'est de rendre le meilleur service   soins amène la mise en place de la Plateforme
               possible. 215  »                                  d’Intervention Départementale pour l’Accès aux
               En  résumé,  la  fonction  de  l'ASS  n'est  plus   Soins et à la Santé (PFIDASS) sur une partie du
               d'assurer un soulagement durable des assurés      budget  « aides  individuelles »  de  l'ASS  220   :
               dans la nécessité, mais de permettre la prise en   moins d'un an plus tard, la CASS replonge face
               charge  de  certaines  dépenses  de  commodité    aux nombreux dossiers 221 . Malgré les efforts de
               avec des moyens limités. La CNAMTS va tenter      tous les acteurs, notamment de la Direction, les
               de compenser cette tendance en instaurant une     conseillers ne veulent pas renoncer à leur liberté
               fongibilité des budgets d'ASS, accordant de plus   d'action au sein de la CASS, avec la possibilité
               grandes souplesse et liberté aux Conseils... tout   d'évaluer des dossiers hors critères 222 , malgré
               en instaurant des postes de dépenses non fon-     l'existence  de  groupes  de  travail  nationaux
               gibles pour les cures thermales et le dispositif   ayant produit  des méthodologies fiables 223 . Le
               Programme  d'accompagnement  du  retour  à        Conseil préfère sa doctrine, au risque de partici-
               domicile (PRADO) 216 .                            per à l'accroissement des difficultés de la CASS,
                                                                 plutôt que de renoncer à l'aspect « social » de
                                    *                            sa mission dans ce cadre. Les ajustements na-
               Il  faudra  une  action  du  Directeur  Davila  et  du   tionaux tentant d’adapter l’ASS aux évolutions
               Président  Gil  en  2015  pour  voir  la  situation   dans les soins se heurtent aux anciennes pres-
               s'améliorer provisoirement. Alors que la préca-   tations auxquelles tient le Conseil et la CASS se
               rité augmente fortement dans le département 217 ,   retrouve prise entre l’ancien fonctionnement et
               le budget d'ASS pour l'année est réduit de 6 %    la nécessité de prendre en charge les nouvelles
               par rapport au précédent 218 . Face aux refus de   aides, ce qui accroît ses difficultés.
               la CNAMTS d'octroyer des enveloppes supplé-
               mentaires à la CASS, M. Davila soumet dix pro-    Cette attitude illustre bien la distorsion progres-
               positions au Conseil pour maintenir la CASS en    sive entre la vision nostalgique des conseillers,
               activité  :  fusionner  les  prêts  d'honneur  et  les   nécessaire  à  la  sauvegarde  d'une  certaine
               primes de fin de rééducation, simplifier le calcul   vision des valeurs clés de la Sécurité sociale et
               du  quotient  familial,  privilégier  les  demandes   la réalité des budgets et des mutations dans les
               pour l'accès aux soins plutôt que les demandes    missions de la CPAM de Haute-Garonne.
               « sociales ».


               214  « Le rendement est ici entendu comme la capacité de la prestation de toucher son public. Au total l’aide à l’ACS n’a
               pas permis que plus d’assurés ne bénéficient de leurs droits. » ; Edith PAGEAUX, sous directrice de la CPAM-HG.
               215  PV Conseil, 12 avril 2011, p. 6
               216  PV Conseil, 9 février 2016, p. 5
               217  Et  que  l'action  menée  par  la  CPAM  du  Gard  dans  la  caractérisation  du  renoncement  aux  soins  bouleverse  la
               perception du fonctionnement de l'Assurance maladie. PV Conseil, 9 février 2015, p. 10
               218  PV Conseil, 9 février 2015, p. 5
               219  PV Conseil, 5 octobre 2015, p. pp. 6 et suivantes
               220  PV Conseil, 18 avril 2016, p. 15
               221  PV Conseil, 14 novembre 2017, p. 14
               222  PV Conseil, 12 décembre 2016, p. 26
               223  PV Conseil, 14 novembre 2017, p. 14


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