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mœurs et infuser les normes correctives qui di-
minueront les fautes et les crimes de la société.
Leur légitimité repose sur l’expertise, le dévoue-
ment au bien public, parfois le sacrifice de leur
personne à l’intérêt général, l’intégrité philan-
thropique (Hallé, Parent, Laënnec… ont mérité
l’appellation de « médecins des pauvres »).
L’hygiène administre l’espace naturel, l’espace
construit, son peuplement, la répartition hu-
maine, ses crimes, ses scories. Son élan orga-
nisateur et optimiste l’entraîne à la direction des
esprits dont les aliénistes revendiquent le
magistère.

Les hygiénistes ont la passion de l’organisation
et de la réforme. Ils poursuivent l’assainisse-
ment de la société selon des méthodes d’effica-
cité qui allient technologie et bienfaisance. Aux
yeux des libéraux, leur « foi technicienne »,
« leur souci exclusif de l’organisation » les in-
cline à « l’indifférence pour les régimes poli-
tiques » et au « mépris des institutions représen-
tatives » (Raymond Aron).

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Première page du « Prospectus » au début du 1 numéro des Les épidémies de choléra qui sévissent à partir
er
Annales d'hygiène publique et de médecine légale de 1821 vont voir s’opposer les contagionnistes
https://archive.org/details/BIUSante_90141x1829x01/page aux anticontagionnistes. À partir de 1830, l’hy-
/n1/mode/2up giénisme entamera un virage que le prospectus
des Annales d’hygiène publique annonçait :
L’hygiène reconduit le programme de la SRM : prendre en charge la direction morale de la
prévenir et combattre les endémies, épidémies, société spécialement la folie et la prévention de
épizooties ; contrôler les concentrations la folie.
d’hommes, les foyers de contagion : hôpitaux,
asiles, lazarets, prisons ; surveiller les lieux de Ensuite deux gloires nationales modifieront le
déchets humains et animaux. Forts de leur con- cours de la médecine : Claude Bernard et Louis
naissance de l’homme physique et intellectuel et Pasteur, d’idéologique la médecine deviendra
de leurs compétences pluridisciplinaires, les hy- expérimentale.
giénistes se posent comme les conseillers qua-
lifiés des gouvernements et des tribunaux ; ils se Les médecins vont attendre de l’État la recon-
conçoivent comme une magistrature indispen- naissance d’un corps médical, leur activisme
sable à la production des lois et de la jurispru- républicain permettra l’adoption de la loi du 30
dence, et en définitive, à la grandeur de l’État. novembre 1892 sur l’exercice de la médecine.
Elle réduira au silence plus d’un demi-siècle
Mais, aspirant à un autre niveau d’intervention, d’expérience hygiéniste.
ils se reconnaissent un avenir « dans l’ordre
moral ». Connaisseurs « des habitudes profes- Ces évolutions, dont l’influence perdure, seront
sionnelles et de toutes les nuances des examinées par Albert Anouilh dans la prochaine
positions sociales », ils veulent agir sur les Lettre d’information.

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