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30 novembre 1892 sur l’exercice de la méde- et architectonique, explorateur des sous-sols et
cine . des populations ouvrières, sièges des foyers
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infectieux dont la bourgeoisie redoute la conta-
Les conditions de possibilité qui ont présidé à la gion. Au cours de la seconde moitié du siècle,
création de la Société royale de Médecine préfi- pessimiste, consciente des limites de l’art de
gurent l’État-providence moderne, sont liées à guérir, hantée par la violence des révolutions et
un renouvellement de l’idée de nature et de l’his- des révoltes sociales, la médecine mentale
toire naturelle de l’homme. Se pose désormais cherche la cause des désordres sociaux qu’elle
la question critique de l’ontologie du vivant : la tente de prévenir, et diffuse les normes collec-
détermination du normal et du pathologique, de tives et individuelles de l’hygiène mentale.
l’humain et du non-humain, des critères d’appar-
tenance ou de non-appartenance à l’espèce, Dans les années 1880, la révolution pasteu-
des méthodes de socialisation. rienne fait passer la médecine du stade néo-
hippocratique à l’âge véritablement scientifique,
La Restauration stimule d’une part un hygié- et la dote de moyens thérapeutiques efficaces.
nisme médico-social, respectueux des lois de L’hygiénisme est en mesure de proposer une so-
l’économie politique, orienté vers la recons- lide stratégie préventive et de fonder la santé
truction sociale, dans un esprit conservateur publique. C’est alors que la République fait le
libéral, et d’autre part un hygiénisme technique choix de la médecine libérale.
2 Sur l’histoire de la médicalisation et de sa politique au cours de la période cf. notamment :
Le classique de l’un des maîtres de l’histoire médicale et initiateurs de la discipline : Jacques LÉONARD, La médecine
entre les savoirs et les pouvoirs, histoire intellectuelle et politique de la médecine française au XIXe siècle ,
Aubier-Montaigne, Paris, 1981.
Jacques LÉONARD, Médecins, malades et société dans la France du XIXe siècle, Paris, Sciences en situation, 1992.
Jacques LÉONARD, La France médicale au XIXe siècle, Gallimard-Julliard, 1978, (Coll. « Archives »).
Olivier FAURE, Histoire sociale de la médecine (XVIIIe-XIXe Siècles), Anthropos historiques, Paris, 1994.
Henri HATZFELD, Du paupérisme à la sécurité sociale : 1850-1950, Essai sur les origines de la Sécurité sociale
en France, Presses universitaires de Nancy, nouvelle édit.1989, réimp. 2004.
Giovanna PROCACCI, Gouverner la misère. La question sociale en France (1789-1848), Seuil, Paris, 1993.
Christian TOPALOV (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France,
1880-1914, éditions de l’EHESS. Paris, 1999.
Michel FOUCAULT, Naissance de la clinique , PUF, 8 édit. 2009, (Coll. « Quadrige »).
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Michel FOUCAULT, Histoire de la folie à l’âge classique, Gallimard, 2007, (Coll. « Tel »).
Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, Gallimard, 2010, (Coll. « Tel »).
Michel FOUCAULT, Dits et écrits, Gallimard, 2 vol. 2008, (Coll. « Quarto »).
Jan GOLDSTEIN, Consoler et classifier. L’essor de la psychiatrie française, traduit de l’anglais (EU), Institut
Synthélabo, 1997 (Coll. « Les empêcheurs de tourner en rond »).
Mirko DRAZEN GRMEK, Histoire de la pensée médicale en Occident, Du romantisme à la science moderne
(tome 3), Seuil, 1999.
NB : dans les notes de bas de page, les titres des ouvrages sont en caractères gras pour en faciliter la lecture.
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