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dépit des tensions qui ont agité la prise de cette   décisions relatives au processus de fusion qui
              décision.                                         n'impliquât  pas  de  conséquences  administra-
                                                                tive ou financière pour les caisses adhérentes.
              La  question  n'était  pas  dénuée  d'importance,   Selon la logique de progressivité qui marque le
              car  outre  les  enjeux  honorifiques  qu'il  y  avait   projet, cet article était suffisamment vague pour
              pour chacun des départements à se voir confier    constituer  aussi  bien  une  limite  importante,
              la présidence, le Président disposait d’un pou-   qu'une  condition  théorique.  Une  application
              voir  spécifique.  L'article  12  des  statuts,  relatif   stricte  de  cette  condition  aurait  pu  permettre
              aux  délibérations  du  conseil  d'administration,   aux caisses de se protéger de décisions aux-
              précisait  que  les  décisions  se  prenaient  à  la   quelles elles n'auraient pas adhéré. Mais cette
              majorité simple, sans représentation, mais en     protection ne devait être utile que si des dispa-
              cas d'égalité, la voix du Président était prépon-  rités venaient à apparaître entre les instances
              dérante. En cas de conflit, c'était donc le Prési-  départementales et fédérales. Or, en pratique,
              dent Garrouste qui devait avoir le dernier mot.   la nuance était très artificielle puisque les admi-
              Néanmoins, une limite à ce pouvoir fut instau-    nistrateurs départementaux et les supradépar-
              rée,  relative  à  une  question  au  moins  autant   tementaux  étaient  les  mêmes,  à  de  rares
              épineuse, celle du siège social. En effet, l'article   exceptions  près.  On  pourrait  expliquer  cette
              12 de préciser que cette voix prépondérante ne    condition en arguant que, au 13 avril 1991, les
              saurait valoir si la décision porte sur « le trans-  Caisses  n'entendaient  pas  confier  leur  destin
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              fert  du  siège  social »  .  En  dehors  de  cette   aveuglément  à  la  Fédération.  Pourtant,  force
              hypothèse, le Président emportait donc la déci-   est  de  constater  que  cette  limite  au  pouvoir
              sion finale, ce qui aurait pu ne pas être sans    fédéral n'a jamais été appelée à être exercée.
              conséquence, au vu des compétences du con-
              seil d'administration au sein de la Fédération.   Si c'est au sein de la Fédération que les formes
                                                                de la future caisse pluridépartementale furent
              Le contrôle des caisses sur les décisions         imaginées,  les  administrateurs  des  conseils
              du conseil fédéral                                d'administration départementaux furent réguliè-
              En effet, l'article 13, relatif au rôle et aux attri-  rement avertis des choix de l'instance fédérale.
              butions  du  conseil  d'administration  disposait   Certes,  certains  parfois  critiquèrent  une
              que  ce  dernier  « est  investi  des  pouvoirs  les   emprise  trop  importante  de  la  Fédération  sur
              plus étendus pour la réalisation de l'objet de la   les  caisses,  mais  globalement,  les  procès-
              Fédération,  à  l'exception  de  ceux  réservés  à   verbaux témoignent d'une information régulière.
              l'Assemblée Générale » . Il pouvait – ou devait   Ainsi, lors de la réunion du Conseil de l'Aveyron
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              –  créer  des  commissions  consultatives,  nom-  du 7 septembre 1991, François Dubeau livra un
              mer le personnel de direction de la Fédération    compte-rendu  des  décisions  prises  dans  le
              et fixer l'ordre du jour de l'Assemblée générale.   cadre de la Fédération. Or, un participant au CA,
              Néanmoins,  ses  compétences  connaissaient       « Monsieur  B…  insist[a]  pour  que  le  conseil
              une  limite  importante  puisqu'il  ne  pouvait  lier,   d'administration de la Fédération ne prenne pas
              par ses décisions, les caisses adhérentes. En     de  décision  de  fond,  sans  qu'auparavant  les
              effet, « les décisions du conseil d'administration   conseils d'administration départementaux aient
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              de la Fédération qui [avaient] une incidence sur   pu délibérer » . Tout de suite, Jacques Bernat
              la  gestion  administrative  et  financière  des   s'empressa  de  confirmer  que  « le  conseil
              Caisses  adhérentes  [faisaient]  l'objet  d'une   d'administration de la MSA de l'Aveyron sera[it]
              délibération  du  conseil  d'administration  de   bien  entendu  tenu  régulièrement  informé  de
              chacune de ces caisses. Elles ne [devenaient]     l'avancement des travaux, qu'il sera[it] saisi des
              définitives qu'après décision conforme et exé-    dossiers  appelant  des  décisions  de  fond
              cutoire  du  conseil  d'administration  de  chaque   nécessitant  son  intervention,  mais  qu'il  [était]
              Caisse  adhérente »  .  En  pratique,  c'était,  là   nécessaire bien entendu, que le conseil d'admi-
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              encore, un garde-fou important, qui garantissait   nistration de la Fédération puisse, à son niveau,
              que la décision finale, même si ce n'était pas le   débattre des orientations à suivre, ne serait-ce
              lieu  où  elle  avait  été  discutée,  dépendit  des   que pour les proposer aux Conseils d'adminis-
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              conseils  des  caisses  membres.  Mais  une       tration  départementaux »  .  C'est  dans  cette
              lecture a contrario est possible, laquelle conduit   perspective que les questions centrales de la
              à  constater  que  dans  tous  les  autres  cas,   démarche de rapprochement furent étudiées au
              aucune décision conforme n'était exigée. Il est   sein  de  la  Fédération. Ainsi,  le  30  novembre
              difficile  d'imaginer  beaucoup  d'hypothèses  de   1991,  « le  Président  BERNAT  inform[a]  le


              71 PV A.G.C. Fédération, 13 avril 1991, Statuts de la Fédération Tarn-Aveyron
              72 Ibidem.
              73 Ibidem.
              74 PV C.A. Aveyron, 7 septembre 1991.
              75 Ibidem.


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