Page 7 - LIno23r
P. 7

3
               Mutualité  Sociale  Agricole  .  Cette  séparation   c)  Le  rejet  d'une  structure  fédérale  trop
               des  corps  de  métiers  permettait  d'envisager   lourde
               plusieurs  scénarios  de  rapprochement,  les-
               quels proposaient d'intégrer tel ou tel service à   La  prise  en  compte  des  risques  de  l’outil
               la Fédération. Il identifiait, tout d'abord, les ser-  fédéral
               vices communs, c'est-à-dire « les services im-
               plantés  sur  un  seul  site  et  travaillant  pour  le   Comme l'expliquait François Dubeau, très rapi-
                                               4
               compte des deux établissements » , tels que :    dement  a  germé  l'idée  qu'il  ne  fallait  pas
               comptabilité,  ressources  humaines,  moyens     déléguer  trop  de  compétences  à  la  structure
               généraux, communication et département tech-     fédérative et l’alourdir. L'objet de cette réforme
               nique. Pour ces services communs, une spécia-    était d'alléger les modalités de fonctionnement
               lisation des sites paraissait pertinente, même si   des caisses, pas de créer une nouvelle struc-
               ce scénario fut par la suite appliqué, mais pas   ture  générant  des  coûts  supplémentaires.  Et,
               en totalité. Ces services transversaux se distin-  comme en attestent les rapports de la Cour des
               guaient de ceux  « à responsabilité d'encadre-   comptes  traitant  des  fusions  ultérieures,  les
               ment commune » qui devaient, eux, conserver      gestionnaires  firent  preuve  d'une  grande  luci-
               une  implantation  départementale,  comme  par   dité  sur  ce  point.  D'autant  que  le  transfert  de
               exemple  le  contentieux  ou  les  services  médi-  trop de compétences à la Fédération risquait de
               caux, sociaux et extérieurs. Enfin, il existait des   freiner la fusion sur le long terme en multipliant
               services « propres à chaque établissement qui    les difficultés. Parlant de la volonté de fusionner
               concernent les Unités de Gestion Globale qui,    qui animait les caisses du Tarn et de l'Aveyron,
               au demeurant, représentent à ce jour l'essentiel   M. Dubeau le dit explicitement : « il fallait y aller
               des effectifs ». La solution proposée était alors   progressivement  mais  sans  trop  tarder  quand
               de rattacher les services ressources humaines,   même  et  je  ne  voulais  surtout  pas  avoir  une
               communication  et  comptabilité  à  Rodez.  Pour   structure  fédération  qui  grossisse.  Pour  moi
               assumer  cette  dernière  fonction,  l’Agent-    c'était  le  meilleur  moyen  de  ne  rien  faire
                                                                       5
               comptable Jean-François Andrieux a su justifier   après. » . Dès la présentation du « Dossier ex-
               d’une particulière disponibilité en acceptant de   ploratoire de la Fédération », il fut donc décidé
               se  rendre  quotidiennement  à  Rodez,  quoiqu’il   que toutes les décisions prises ne devaient con-
               résidât à Albi.                                  courir qu'à la réalisation de l'objectif final, sans
                                                                se perdre dans les mesures transitoires. C'est
               En application du principe d'équilibre entre les   probablement  cette  stratégie  qui  explique  la
               sites,  les  départements  techniques  et  les   pratique minimale qui fut faite de la Fédération
               moyens-généraux  furent  centralisés  à  Albi.   Tarn-Aveyron. Celle-ci ne se borna qu'à prépa-
               Néanmoins, il était précisé que cette restructu-  rer le passage à la structure unifiée. Procéder
               ration de la géographie des services ne saurait   autrement,  c’était  risquer  de  multiplier  les  dif-
               se réaliser du jour au lendemain, mais progres-  ficultés. C’est notamment le danger que présen-
               sivement, au gré des « opportunités concernant   tait la stratégie de l’employeur unique.
               les hommes », tout en permettant « une montée
               en charge progressive des services communs »     L’abandon de l’employeur unique
               et une « répartition des effectifs sur les sites en
               fonction des populations gérées ». Du point de   La  volonté  de  limiter  la  Fédération  dans  le
               vue des perspectives d'évolutions structurelles   temps a été un succès. Dans la pratique de la
               et géographiques, le « Dossier exploratoire de   structure fédérale, l’anticipation de la fusion à
               la Fédération » postulait donc en faveur d'une   1995 emporta des changements d'orientations.
               spécialisation des sites autours de certains ser-  Ainsi, si la Fédération devait exercer principale-
               vices communs, parallèlement au maintien de      ment des fonctions politiques, elle était égale-
               guichets uniques locaux.                         ment censée être appelée à jouer le rôle d'em-
                                                                ployeur unique en vue de faciliter le passage à
               Mais son apport majeur résidait avant tout dans   une structure unifiée. C'est d'ailleurs ce qui fut
               la  modification  fondamentale  du  scénario  de   rappelé  lors  du  conseil  d'administration  de  la
               montée en puissance d'une structure fédérale     Fédération du 12 octobre 1992 : il « avait été
               trop lourde.                                     envisagé à l'origine de faire jouer à la Fédéra-



               3  Soit  les  services  suivants :  comptabilité ;  ressources  humaines ;  services  généraux  (immobilier,  marchés  publics,
               imprimerie) ; gestion de la protection sociale de base (Unités de Gestion Globale et départements techniques) ; services
               médicaux ; services sociaux et services extérieurs.
               4  PV C.A. Fédération 12 octobre 1991 pour cette citation et les trois suivantes.
               5  Entretien avec François Dubeau, février 2017.


                                                                                                      7
   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12