Page 1 - lettre_crhssoccitanie_34l
P. 1
n°34
Décembre 2023
Foule, violence, folie :
une hantise politique récurrente
L’Assemblée générale du Comité régional d’histoire de la Sécurité
Sociale d’Occitanie réunie le 9 juin 2023 à Montpellier a bénéficié
de deux présentations. Sophie Sélusi a traité d’une « Approche
historique de la couverture des risques professionnels concernant
les pathologies psychiques ». Albert Anouilh est intervenu sur le
thème : « Foule, violence, folie : une hantise politique récurrente ».
Il nous en a adressé une version enrichie pour ce numéro.
Au nom du Comité régional, je l’en remercie.
Dans cette recherche, il étudie ces thèmes très actuels. Il analyse
la foule, terme polémique « dont l’imprécision fait la force » depuis
Aristote jusqu’à Gustave Le Bon, auteur en 1895 de la Psychologie
des foules qui inspirera nombre de dirigeants.
Cette étude particulièrement dense traverse donc les siècles et met notamment l’accent sur la
pauvreté et ses incidences. Elle en rappelle les évolutions du Moyen-âge au Siècle des
lumières. Déjà en 1525 pour Juan Luis Vives la misère procède des vices et de la paresse, le
travail étant un remède social. La mendicité est décriée sous l’Ancien-régime et aussi par John
Locke qui en 1697 propose des mesures coercitives. La violence sera constante au XVIIIe siècle
avec ses émeutes de la faim qui connaissent leur paroxysme sous la Révolution française.
Si les thèmes étudiés par Albert Anouilh ne sont pas spécifiques à la France et sont souvent
utilisés par les politiques pour mobiliser l’opinion publique, le contexte révolutionnaire français
de 1789, 1830 et 1848, les rend particulièrement présents chez les auteurs du XIXe siècle. Mais
c’est surtout la Commune de 1871 qui provoque l’incompréhension des écrivains en particulier
d’Ernest Renan et d’Hippolyte Taine. Albert Anouilh procède à une nosographie de la Commune
et de la Révolution, assimilées à des maladies à disséquer.
La foule deviendra un « objet de science ». Albert Anouilh se montre critique à l’égard du « bon
docteur » Le Bon pour qui la démocratie est emplie de tares. Il met en avant le solidarisme de
Léon Bourgeois et conclut positivement par une citation de Durkheim sur l’importance des corps
intermédiaires et des groupes professionnels.
Ces quelques lignes ne sont qu’un aperçu d’un texte dense. J’invite le lecteur à lire les notes
de bas de pages, souvent conséquentes et significatives de la pensée de l’auteur. La prochaine
Lettre d’information aura trait à la présentation de Sophie Sélusi sur les risques professionnels.
Michel Lages
Président du Comité régional d’histoire
de la Sécurité sociale
d’Occitanie-Pyrénées-Méditerranée