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Georges Sorel ou le solidarisme vu d’en face
(1 partie)
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Le 12 décembre 2024, Albert Anouilh, a fait une communication
devant le conseil d’administration du Comité régional d’histoire
de la Sécurité sociale Occitanie sur « Georges Sorel et l’intran-
quillité sociale : de l’anti-solidarisme à la violence ». Depuis il
a densifié son étude qui est devenue : « Georges Sorel ou le
solidarisme vu d’en face ». La taille de ce texte nécessite sa
publication dans deux numéros de la Lettre d’information
Georges Sorel né en 1847, meurt en 1922 dans la misère, seul
et oublié. Ce polytechnicien devient ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées à Perpignan. En 1892, il démissionne pour se
consacrer à la vie de l’esprit. Cet auteur qui a influencé Mussolini
et Lénine, sera l’objet de controverses dans les années 1980.
À Perpignan, lors de la crise du phylloxéra, Georges Sorel critique les abus de pouvoir liés à la
gestion de l’eau. L’ingénieur questionne le partage des eaux, étudie notamment les anciennes
unités de mesure catalanes. Ses recherches le transforment en ingénieur agronome, écono-
miste, historien, juriste, observateur politique et sociologue. Il observe les abus de pouvoir de
l’État et ses faiblesses. Il participe aux travaux de la Société agricole scientifique et littéraire
(SASL) des Pyrénées-Orientales, société savante toujours active de nos jours.
Ensuite, Albert Anouilh analyse pour expliquer l’évolution des choix politiques de Sorel le
contexte d’une année majeure pour la classe ouvrière (1892), la vie industrielle et la ques-
tion sociale. La moralisation de la classe ouvrière était perçue comme nécessaire pour le
bon fonctionnement des usines, avec la mise en place d’institutions d’économie sociale et
d’œuvres patronales et un rôle social de l’ingénieur et de l’officier.
Mais, Montceau-les-Mines, site industriel et social exemplaire, connaîtra en 1899 une grève
« parricide » d’une durée et d’une mobilisation exceptionnelles. Face à ces crises, l’homme
d’État Léon Bourgeois met en avant la solidarité (quasi-contrat imposant une répartition équi-
table des richesses). Georges Sorel, quant à lui, voit dans le solidarisme normalisant les iné-
galités un danger pour le socialisme révolutionnaire et ouvrier qu’il prône.
Ces quelques lignes ne sont qu’un aperçu de l’étude d’Albert Anouilh pour lequel « Sorel n’est
absent d’aucun secteur de la vie intellectuelle. Rien ne lui échappe de la vie des idées ».
Cette recherche approfondie sur Georges Sorel met en lumière son parcours, ses idées et son
impact sur la pensée politique et sociale par ses « Réflexions sur la violence » (1908). Elles
seront analysées dans la 2 partie de l’étude, objet de la prochaine Lettre d’information.
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Je remercie Albert Anouilh pour cette dense contribution (dont il faut lire les riches notes de
bas de page) et Armelle Touyarot pour sa remarquable mise en page du texte.
Michel Lages
Président du Comité régional d’histoire
de la Sécurité sociale
Occitanie-Pyrénées-Méditerranée