Page 7 - lettre_crhssoccitanie_37c
P. 7
Il avait rencontré Marie à Lyon en 1875, employée A. Le citoyen dans la cité 27
dans un grand hôtel après avoir été ouvrière dans
l’industrie textile. Elle était née dans une famille de Alors que son titre d’ingénieur des Ponts pouvait lui
paysans pauvres du Jura. Illettrée, Georges Sorel lui ouvrir les portes de la meilleure société, Georges
fit donner, selon son biographe Pierre Andreu, « une Sorel, « rebelle » (E. Frenay), s’installe dans un
instruction étendue » qui « développa ses grandes quartier mal famé, peuplé par des chiffonniers, des
qualités naturelles ». De leur rencontre Sorel « data cordonniers, des ramoneurs, une rempailleuse de
son éveil à la vie, et même à la vie de l’esprit ». Si chaises, au n° 13 de l’impasse des amandiers, dans
elle n’a pas converti Georges Sorel au socialisme une maison où logent des maçons et un portefaix.
(elle était parfaitement indifférente à la politique), Proche d’une maison close. Il vit en union libre avec
son dévouement aux pauvres « a sûrement achevé Marie Euphrasie David. Plus tard le couple s’ins-
de le convertir à l’amour des humbles et des dés- talle au premier étage d’une maison bourgeoise, au
hérités à travers la charité d’un christianisme agis- 21 rue des mulets (devenue rue Auguste Blanqui),
sant » et comblera de ses dons les Petites sœurs face à l’église de La Réal, fréquentée par Marie
des pauvres de Perpignan . « C’est ainsi que notre David, « sur une placette ensoleillée occupée par
25
vie intellectuelle dépend en grande partie du hasard une fontaine où viennent boire les vaches des lai-
28
d’une rencontre. » 26 tiers du quartier ».
Ses fréquentations sont marquées à droite. Une
En 1889, Sorel prend ses fonctions à Perpignan, amitié sincère et fidèle le lie aux frères Jean et Henri
avec le titre d’ingénieur chargé du « service ordi- Bertran de Balanda ; au chanoine Torreilles, profes-
naire » de l’arrondissement de Perpignan, auxquels seur au Grand Séminaire. Il admire l’ascétisme
sont rattachés le service du port de Port-Vendres, le et la sainteté de l’archiprêtre de la cathédrale de
contrôle des travaux de la ligne ferroviaire Prades- Perpignan, l’abbé Metge, qui loge dans un taudis en
Perpignan et le contrôle d’exploitation des Chemins ruine.
de fer du Midi.
25. P. Andreu, op. cit., p. 41.
26. G. Sorel : « Jean-Jacques Rousseau », art. cit.
27. Nous utilisons l’article d’Étienne Frenay, « Georges Sorel à Perpignan (1879-1892) », Bulletin de la Société agricole, scientifique
et littéraire des Pyrénées-Orientales, CVIII, 2001, pp. 246-271, aimablement communiqué par la Médiathèque de Perpignan.
28. Étienne Frenay, art. cit., p. 250.
7