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Ludovic Azéma


               - celle selon laquelle l’agriculture est un secteur à part puisque les distinc-

               tions sociales généralement admises pour les autres secteurs d’activité n’y
               sont pas nettes, celle selon laquelle cette situation justifie des solutions
               adaptées au monde agricole. Ces solutions s’incarneront dans le mutua-

               lisme.

               Politiquement, c’est la défense d’un monde à part, d’une culture à part,

               d’un monde qui pesait encore 12 % de la population active.

               Le premier rôle de la MSA est la défense du monde agricole et sa protec-
               tion qui s’appuie sur un fond mutualiste, sur des valeurs qui ont un sens

               social  et  politique :  la  solidarité  « entre  générations,  entre  métiers  de
               l’agriculture, entre régions agricoles dans leur diversité » peut-on lire dans
                                                                                                       30
               un P.V. du Conseil d’administration de la MSA de la Haute-Garonne .
               Cette solidarité est une valeur fondamentale du mutualisme, et du catho-
                                                              31
               licisme  social  à  l’origine  de  celui-ci .  Nous  pouvons  rappeler  ici  la
               personnalité  de  Léon  Hamel,  fondateur  du  premier  syndicat  agricole

               champenois et le solidarisme initié par Léon Bourgeois qui rejette le « tout
               libéral » et le socialisme étatique. La responsabilité ensuite, d’abord au ni-

               veau des caisses, avec la responsabilité de l’autonomie des caisses, puis au
               niveau individuel puisque le sociétaire accepte de payer régulièrement ses
               cotisations. Enfin, la démocratie participative avec un système d’élection.


               L’organisation mutualiste de la MSA devait avoir des conséquences. Pour
               opérer ce maillage territorial, il fallait que la MSA soit au plus près de ceux
               qu’elle aspirait à protéger. C’est tout le sens de la représentation du monde

               agricole et de la démocratie sociale. Le principe électif fondera la légitimité
               démocratique des élus. Il se décline dès la loi du 8 juin 1949 selon une
               logique ascendante aux différents échelons (communal, cantonal, dépar-

               temental et national), conduit à l’élection des conseils d’administration
                                                                32
               des caisses départementales et centrales .






               30  Procès-verbal du Conseil d’administration de la MSA de la Haute-Garonne, tome 82, mars-
               avril 2007, f°164-171.
               31  Voir à ce sujet A. ANOUILH, « Solidarisme et Sécurité Sociale, entre passé et avenir », dans
               Lettre d’information, n°25, Avril 2019.
               32  P. CORMERY, M. BRAULT, « Une gouvernance autre : l’exemple de la MSA », dans Regards,
               2017/2, n°52, pp.107-119.

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