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Pour M. Dubeau, « toutes ces personnes qui exercée sur un certain nombre d'acteurs a pu
émanaient des Jeunesses Agricoles Catho- jouer dans le processus d'adoption de la déci-
liques avaient des valeurs très profondes de sion. Pour beaucoup, cette réforme est celle
service rendu et de service à rendre. Ils ont d'André Laur car elle est la traduction matérielle
beaucoup anticipé sur la création de tout ce d'une lecture des enjeux mutualistes qu'il a
qu'il fallait pour que l'agriculture se porte bien portés tout au long de ses présidences. Cette
en matière économique et en matière so- philosophie, on en trouve l'illustration dans ses
ciale » . Pour lui, c'est pour toutes ces raisons écrits. Ainsi, en 1991, en conclusion d'un
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qu'on peut dire que André Laur a joué un rôle ouvrage sur l'histoire de la Mutualité Sociale
dans le processus de fusion. Si la décision a été Agricole, André Laur écrivait que « la protection
prise, conjointement avec M. Bernat, dans sociale agricole moderne devra[it] être globale
l'Aveyron, c’était afin de « poursuivre une his- et recouvrir la protection légale de base et la
toire de trente ou quarante ans », écrite par des prévoyance volontaire complémentaire, ainsi
hommes porteurs de valeurs « en termes de que les prestations extra-légales d'action sani-
service rendu, en termes d'efforts et en termes taire et sociale, que ce soit par des mesures
de valeur du travail » . C'est donc cette com- financières ou par des offres de services ou de
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munion des valeurs, selon Jacques Bernat, qui biens ». Et, précisait-il, « nous entendons réali-
aurait influé sur l'écho rencontré par les ser cette protection grâce à un outil qui puisse
réflexions amorcées par les Caisses Centrales répondre aux exigences que nous avons fixées :
sur les évolutions de la MSA dans la perspec- être un interlocuteur unique de l'adhérent,
tive du passage au nouveau millénaire. M. améliorer la qualité et la proximité du service,
Dubeau dénie, en effet, l'idée que André Laur réaliser des économies de gestion en regrou-
ait ordonné à M. Bernat de s'engager dans le pant les moyens des Caisses départementales
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processus de fusion. Pour autant, cela ne veut de Mutualité Sociale Agricole » . Favoriser le
pas dire qu'il n'ait pas joué de rôle, notamment guichet unique, garantir le meilleur service au
au travers des valeurs qu'il a transmises, tant à moindre coût, repenser le déploiement spatial
M. Dubeau qui avait officié pendant neuf ans de l'institution en mutualisant les moyens
sous sa présidence comme Sous-Directeur départementaux ; autant de perspectives
puis Directeur de Caisse, qu'à Guy Lavinal. d'évolutions retenues lors des Journées natio-
nales de la mutualité agricole et qui furent éga-
« L’ombre d’André Laur » en question lement les objectifs poursuivis tout au long de
la fusion. Mais en amont, André Laur s'était déjà
En 1989, lorsque furent amorcés les premiers inscrit comme porteur du projet de procéder à
mouvements en faveur du rapprochement des une fusion lorsqu'il présidait la Caisse de
deux caisses départementales, André Laur l'Aveyron. En effet, entre 1985 et 1986, il entre-
avait quitté ses fonctions de président de la prit plusieurs tentatives de rapprochement avec
MSA de l'Aveyron, quoiqu'il demeurât Président les caisses de la Lozère puis du Lot mais sans
des Caisses centrales jusqu'en 1990. C'est aux succès . Avant que le rapport « MSA 2000 »
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vues de cette chronologie que M. Dubeau nie ne soit publié, André Laur était donc déjà
l'implication directe d'André Laur dans le porteur du projet de faire passer la caisse de
processus de fusion. Ce qu'il explique, c'est l'Aveyron à un niveau pluridépartemental et, s'il
que André Laur n'a pas donné l'ordre aux n'a pu le mener à bien avant d'abandonner la
caisses départementales de se rapprocher. présidence, ses héritiers ont su continuer ses
Dire le contraire consisterait à se positionner au travaux. Pour autant, il semble que l'influence
niveau du « fantasme historique », en outre, ce culturelle qu’il a exercée ait été déterminante
serait « mal connaître André Laur que de s’en dans la décision de lancer le projet de rappro-
persuader, ou plutôt d'être persuadé qu'il a vrai- chement. En 1979, fut créée l'Association
ment eu un rôle très important ». Or, en dépit de d’Études et de Formation Mutualiste Agricole
ces affirmations, pour beaucoup, « l'ombre de la Région Toulousaine (AEFMART), laquelle
d'André Laur » a pesé sur cette réforme. S'il regroupait plusieurs caisses du Sud-Ouest. Or,
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n'a pas donné d'ordre, ou n'a pas agi en tant contrairement à ce qu'on aurait pu penser, cette
que supérieur hiérarchique pour pousser à ce instance n'eut aucun impact sur la décision
rapprochement, il convient de se demander d'entamer le projet de fusion. Bien au contraire,
dans quelle mesure l'influence culturelle qu'il a selon François Dubeau, cette assemblée était
27 Ibidem
28 Ibidem.
29 Discussion CRHSSMP 9 juin 2017, Cf. PV CA CRHSSMP 9 juin 2017, Opus citatum.
30 LAUR A., « Conclusion », In : Comité d'Histoire de la Sécurité Sociale, La Sécurité Sociale – Son histoire à travers les textes,
T. IV, La Mutualité Sociale Agricole 1919-1981, Paris, 1991 pp. 309-310.
31 Voir la conclusion générale, pour le Lot il envisageait une direction commune avec celle de l’Aveyron afin de pouvoir
procéder plus aisément à une fusion ultérieure.
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