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Trente glorieuses. Les plans de réformes de la devait soulever dès les années 1970. Cette
Sécurité sociale se succédèrent alors, à un évolution est donc « ancienne » . Pourtant, ce
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rythme soutenu. Si, ces réformes ne visaient n’est à partir des années 1990, qu’« il est ap-
pas directement la MSA, elles traduisaient paru qu'un réseau de 84 caisses n'était plus
néanmoins une volonté des pouvoirs publics de adapté à la complexité croissante de leur acti-
maîtriser le financement de la protection sociale, vité et à l'érosion du nombre de leurs adhérents,
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ce qui devait nécessairement, à terme, influer liée aux mutations de l'agriculture »
sur le réseau MSA.
Mais à ces crises structurelles qui grevaient
l'économie française dans sa globalité, s'ajou-
taient les crises que commençaient à connaître
le monde agricole dont le nombre d'actifs deve-
nait dangereusement inférieur au nombre de
retraités. Sensible à la faiblesse économique
des agriculteurs, la Mutualité Sociale Agricole
ne pouvait que difficilement espérer trouver les
moyens de son financement dans une hausse
de l'assiette des cotisations. Bientôt, les ratios
négatifs affectant la démographie des actifs
agricole, tant du point de vue de l'évolution des
effectifs de populations gérées, que de leur
rapport avec les adhérents passifs, devaient
bouleverser l'organisation traditionnelle du mu-
tualisme agricole.
Ces crises démographiques et structurelles qui
affectaient le réseau mutualiste étaient con-
nues des gestionnaires et des mondes univer-
sitaire et institutionnel. On peut observer les
premiers développements de la science démo-
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graphique dès l'Ancien Régime , parallèlement
aux besoins nouveaux en matière de saisisse-
ment du territoire dans sa spatialité qui accom-
pagnèrent le déploiement de l'administration
royale. Mais comme l'explique Jacques Doublet,
le développement d'institutions de protection
sociale a conduit à une augmentation du besoin
en ressources statistiques pour les pouvoirs
publics. Selon lui, « au souci d’une connais-
sance exacte de la population, les démo-
graphes ont ajouté le désir d'une analyse plus
fouillée des phénomènes, des prévisions aussi
probables que possibles sur l'évolution à venir Carte de la restructuration du réseau des caisses MSA.
d'une population donnée » . Grâce au déve- Cour des comptes, La sécurité sociale, sept. 2011, p. 442
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loppement de la science démographique, ces
enjeux étaient connus depuis longtemps,
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comme en atteste l'importante littérature sur le Comme l'a montré Michel Lages , la crainte de
sujet. La Cour des comptes constate, dans son sa dissolution dans le régime général, et la vo-
rapport de 2011, que « le nombre de bénéfi- lonté de protéger les spécificités de son régime,
ciaire se réduit, du fait d'un déclin démogra- constituent un élément culturel central de la
phique ancien » . L'utilisation de la science Mutualité Sociale Agricole. C'est dans cette
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démographique au service des questions rela- perspective que, à partir des années 1980, fut
tives au financement de la Sécurité sociale a amorcé, sous l'égide d'André Laur, un mouve-
identifié ce phénomène et les difficultés qu'il ment de réflexion, en interne, sur le devenir de
8 TILLY C., La France conteste de 1600 à nos jours, Fayard, 1986
9 Jacques DOUBLET, Opus citatum.
10 Rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale pour 2001, Chapitre XV, « La réorganisation de la Mutualité
sociale agricole », septembre 2011.
11 Ibidem.
12 Ibidem.
13 Opus citatum.
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