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n° 25
Avril 2019
Solidarisme et Sécurité sociale,
entre passé et avenir
Cette lettre d’information est consacrée à la communication
d’Albert Anouilh devant le conseil d’administration du Comité
régional d’histoire de la Sécurité sociale Midi-Pyrénées le 12
décembre 2018. Cet exposé très apprécié est une vaste et
dense fresque de l’évolution des idées et des réalisations
sociales depuis les débuts de la III e République, vues sous
l’angle du solidarisme.
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A la fin du XIX siècle, le souvenir de la Commune, les grèves
des bassins miniers provoquent une peur des classes
laborieuses qualifiées de « classes dangereuses », d’où
l’émergence de réformateurs voulant réconcilier la Nation.
Léon Bourgeois, homme politique majeur et auteur en 1896 de
l’ouvrage Solidarité, est la figure emblématique du solidarisme.
La première partie est consacrée à l’élan réformateur et à la refondation du pacte social.
Albert Anouilh expose la pensée solidariste qui souhaite régler la question sociale par un
projet alternatif à l’économie libérale et au socialisme. Ce solidarisme rejette l’autonomie de
la volonté contractuelle au profit du quasi-contrat, creuset de la solidarité, et met en avant la
dette sociale de l’homme qui, pour Bourgeois, « naît débiteur de l’association humaine ».
Le conférencier analyse les lois d’inspiration solidariste : assistance médicale gratuite
(1893), sociétés de secours mutuel puis responsabilités dans les accidents du travail (1898),
retraites ouvrières et paysannes (1910) dont le principe d’obligation préfigure les assurances
sociales.
La seconde partie traite de l’héritage solidariste.
Albert Anouilh qualifie la Sécurité sociale de « conception révolutionnaire » initiée de 1942 à
1944 notamment par le chef de la France Combattante. Il se demande si le Plan de 1945 de
Pierre Laroque a été fidèle aux principes solidaristes, la « Sécu » perdant progressivement
son sens politique pour être réduite à la désignation d’un guichet ou d’un remboursement
alors que le département acquérait un rôle majeur pour les politiques sociales.
La prise en charge des enfants handicapés puis le droit à une compensation individualisée
du handicap marquent le retour de l’idée solidariste et la complètent. Si l’idéal solidariste
s’exprimait aussi par la création du revenu minimum d’insertion en 1988, vingt ans après ce
dernier est remplacé par le revenu de solidarité active, caractéristique d’un « solidarisme de
gestion ». Aussi, pour le conférencier : « Le solidarisme classique s’était construit contre le
libéralisme ; les solidarités actuelles sont complémentaires du renouveau libéral ».
Je remercie Albert Anouilh, personne qualifiée du Comité régional d’histoire, d’avoir permis
la publication de son texte et de sa biographie.
Michel Lages,
Président du Comité régional d’histoire
de la Sécurité sociale Midi-Pyrénées