Page 17 - Lettre d'info n 26
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pas compte des particularités départementales    la responsabilité incombe à la Direction, et à un
               (présence d’un CHR, forte densité de médecins    Conseil d’administration qui applique la « poli-
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               occasionnant  une  surmédicalisation  et  donc   tique du tous ou aucun » . Les critiques vont
               des  dépenses  de  santé  plus  importantes  que   donc crescendo, et dans aucun cas des solu-
               dans  d’autres  départements,  etc.).  Si  la  sur-  tions de sortie de crise ne sont proposées, et ce
               chauffe de la CPAM peut être due à une trop      jusqu’en  1975  avec  la  main  tendue  par  la
               grande  volonté  d’émancipation  et  à  une      CNAMTS :  les  administrateurs  se  sentent  im-
               dispersion  des  moyens  vers  des  initiatives   puissants face à la crise, et vont même jusqu’à
               « personnelles », on ne peut négliger l’influence   demander  des  méthodes  de  travail  plus
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               d’un  processus  de  décision  verticale  des-   performantes à la CNAMTS .
               cendant  de  nature  à  traiter  des  situations
               particulières par un aplanissement théorique de   On voit donc que, même au sein des institutions
               données différenciées par leur contexte propre.   encadrant  l’action  de  la  Caisse  Pirmaire,  les
               M. Fabre, administrateur, déclarait à ce sujet :   logiques sont différentes, avec une absence de
               « Les  problèmes  de  la  Sécurité  Sociale  se   concertation qui crée une situation difficile : soit
               traitent  sur  un  plan  technocratique  […],  alors   la CPAM essaye de résorber les retards pris sur
               qu’ils devraient se traiter sur un plan humain et   les plans de la CNAMTS, et encourt les foudres
               social ».                                        de  la  tutelle  pour  avoir  délaissé  les  secteurs
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                Les directives tendant au maintien de la mise   sujets  à  des  indicateurs-référence  et  faisant
               en place du plan national pendant les années     baisser la rentabilité de la Caisse, soit la Caisse
               1973 à 1975 en sont le stigmate.                 se plie aux exigences de la Tutelle et prend le
                                                                risque  d'être  désapprouvée  par  la  CNAMTS
               Cependant, la position de la Caisse Nationale    pour non-respect du programme national. C’est
               va se nuancer et donner son aval à la mise en    en adoptant une position de conciliation, visant
               retrait de ses exigences au profit du redresse-  à réduire les retards sur les prestations tout en
               ment de la caisse : elle valide en 1975 la mise   essayant  de  maintenir  le  statu  quo  avec  la
               en  sommeil  des  fonctions  statistiques  des   Caisse  Nationale  que  la  CPAM  s'embourbe
               appareils  du  plan  au  profit  de  la  gestion  des   entre 1974 et 1975. Preuve en est qu’à partir de
               retards sur les dossiers. Mais la CNAMTS de      mars  1975  avec  la  suspension  des  fonctions
               préciser  que,  quelles  que  soient  les  mesures   statistiques  destinées  à  la  CNAMTS,  les  me-
               choisies pour le redressement de la Caisse, et   sures prises par la CPAM portent leurs fruits et
               quelle  que  soit  la  liberté  qu’elle  lui  concède   la Caisse redresse sa situation.
               dans  cette  tâche,  lesdites  mesures  devront
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               respecter l’agenda propre à la CNAMTS .          c)  La  désolidarisation  de  la  CNAMTS  et  de  la
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               b) La gestion bicéphale de la crise : des objectifs
               divergents entre CNAMTS et tutelle               Un  autre  phénomène  qu’il  est  intéressant  de
                                                                noter  durant  cette  période  est  l’intervention  à
               On  constate  des  divergences  sur  les  points   partir  de  1974  des  services  de  l’IGAS,  et  les
               critiqués :  là  où  la  CNAMTS  va  défendre  sa   avis de la DRSS, qui vont entrer en discordance
               position  et  ses  échéanciers  en  1973,  en    avec l’attitude adoptée par la CNAMTS à partir
               enjoignant à sa subordonnée de s’y conformer,    de  1975 :  là  où  cette  dernière  va  se  montrer
               l’IGAS et la DRSS vont axer leurs observations   optimiste  sur  le  redressement  à  terme  de  la
               sur les conséquences des décisions du Conseil    Caisse, la DRSS et l’IGAS continuent d’attaquer
               d’administration et du Directeur. L’IGAS pointe   la  gestion  de  la  CPAM.  L’IGAS  va  d’ailleurs
               en 1974 les indicateurs qu’elle juge mauvais :   proposer la dissolution et le remplacement pur
               pour elle, temps d’attente trop longs, « mauvais   et  simple  du  Conseil  d’administration,  et  ce
               déménagement », rentabilité en-dessous de la     malgré la stabilisation des services à l’automne
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               moyenne  nationale  .  En  somme,  elle  ne  fait   1975  et  des  performances  remarquées.  Il  est
               que  relever  les  conséquences  des  différents   intéressant  de  voir  la  tutelle  et  la  CNAMTS
               troubles  qui  agitent  la  CPAM.  En  1975,  c’est   adopter des positions différentes, alors même
               l’organisation même du travail qui est remise en   qu’elles sont engagées dans une relation étroite
               cause  par  la  DRSS,  et  l’IGAS  de  tirer  les   par la procédure d’élaboration des budgets : la
               conclusions de tous ces dysfonctionnements :     CNAMTS, lors de l’attribution des dotations, suit


               69 PV CA, 30 septembre 1974, p.82
               70 PV CA, 4 mars 1975, p.12
               71 PV CA, 30 septembre 1974, p.78
               72 PV CA, 25 juin 1975, pp. 84-88
               73 PV CA, 30 septembre 1974, p.82


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