Page 22 - Lettre d'info n 26
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La  question  principale  qui  préoccupe  les     Pourtant,  malgré  les  nombreux  arguments  en
               administrateurs  pour  la  mise  en  place  de    faveur du partenariat avec l’URSSAF, le Conseil
               l'informatique est la peur de la déshumanisation.   d’administration  choisit  de  maintenir  le  statu
               En  effet,  c'est  un  thème  récurrent  dans  leurs   quo, tout en prévoyant l’installation d’un atelier
                                                                                            93
               interventions sur le sujet : les craintes touchent   propre dans ses futurs locaux . Cette position
               autant la question de l'emploi que de l'image du   est due à la présence de M. Monthieu au CA, qui
               service  auprès  des  assurés.  La  CGT  est      cumulait sa fonction d’administrateur avec celle
               fermement  opposée  à  tout  projet  mécanogra-   de Président de la CRAM, et qui a intercédé en
               phique  ou  informatique,  y  voyant  un  moyen   faveur  de  cette  dernière  auprès  du  Conseil
               permettant de réduire la masse salariale de la    d’administration,  obtenant  le  statu  quo.  Il  va
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               CPAM . Pour les administrateurs, il s'agirait de   promettre la prise en compte des efforts de la
               l'apparition  précoce  des  signes  indicateurs   CPAM en matière de personnel et de travaux si
               d'une suppression à terme des guichets pour le    elle accepte la mise en place du plan régional.
               paiement  des  prestations  aux  assurés.  Il  faut   Cependant,  l’attitude  de  la  CPAM  de  Haute-
               bien garder à l'esprit qu'en 1967, la CPAM est    Garonne  ne  semble  pas  avoir  plu  aux  autres
               encore jeune et ne fait pas encore l'unanimité en   CPAM de la région : M. Loubière fait savoir, du-
               Haute-Garonne :  certaines  garanties  doivent    rant  la  réunion  du  27  septembre  1968,  que
               être  prises  afin  de  continuer  à  maintenir  une   celles-ci  affichent  publiquement  leur  défiance.
               image  attractive  de  la  CPAM  auprès  des  non   Le  Conseil  d’administration  va  donc  faire  le
               affiliés, qui ne sont pas majoritaires, mais repré-  choix de continuer avec l’URSSAF tout en opé-
                                                                                        94
               sentent pour autant une part non négligeable de   rant un repli sur elle-même .
               la population. L'objectif est encore d'étendre la
               couverture sociale à tous les Français.           A ce stade, on peut légitimement se demander
                                                                 si les initiatives prises localement par la CPAM
               Une autre problématique rencontrée est celle du   ne sont pas  à l’origine  de  l’animosité montrée
               partenariat à choisir : la CPAM se retrouve avec   par les autres Caisses Primaires de la région. La
               deux options, la CRAM ou l’URSSAF. Les admi-      place  privilégiée  qu’occuperait  la  CPAM  de
               nistrateurs sont méfiants à l’endroit de la Caisse   Haute-Garonne  au  terme  de  la  création  d’une
               régionale, du fait de l’existence d’un précédent   fédération  dans  laquelle  elle  se  trouverait  en
               dans le dossier informatique : en effet, d’après   position de caisse pilote, avec la mainmise sur
               le  Conseil  d’administration,  la  CRAM  avait   le  personnel  et  les  matériels,  et  le  poids  que
               refusé  préalablement  de  s’intégrer  au  plan,   celle-ci a dans la région de par le contexte géo-
               avant de revoir sa position suite à une sollicita-  économique  (plus  forte  population  dans  la
               tion de la CPAM du Lot . La proposition de la     région,  proximité  du  CHR,  nombre  d’affiliés,
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               CRAM donnerait à celle-ci le rôle de coordina-    etc.) sont de nature à inquiéter ces plus petites
               teur  régional,  et  aurait  comme  avantages  de   caisses.  En  s’avançant  un  peu,  on  peut  se
               permettre à la CPAM de la Haute-Garonne de        demander  si  les  questions  et  récriminations
               développer son atelier informatique propre dans   touchant  à  l’autonomie  et  aux  pouvoirs  des
               ses futurs locaux et de décharger l’URSSAF. A     Caisses primaires sont aussi aiguës, voire plus
               l’opposé, le partenariat avec l’Union de recou-   prononcées dans des caisses de petites tailles
               vrement mènerait à la création de la fédération   et avec moins de moyens qu’à la CPAM de la
               des CPAM de la région sous l’égide de la CPAM     Haute-Garonne,  qui  fait  partie  des  plus  gros
               de la Haute-Garonne, en dehors de tout contrôle   organismes  de  France.  Se  trouver  en
               extérieur, et présenterait comme autre avantage   partenariat  avec  une  entité  plus  importante,
               de  permettre  la  sauvegarde  et  la  continuation   géographiquement proche et avec des intérêts
               des efforts déployés par la CPAM et l’URSSAF      propres au sein d’une fédération dans laquelle
               depuis  bientôt un  an. En  effet,  une partie des   ladite  entité  opérerait  la  gestion,  pourrait  leur
               liquidations  de  la  CPAM  sont  opérées  à      faire craindre la superposition progressive d’un
               l’URSSAF par des employés de la CPAM formés       nouvel  échelon  tutélaire  de  fait,  en  plus  de  la
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               à cette fin . Cette solution repose sur un contrat   tutelle légale opérée par l’Etat et la DRSS.
               de  location  de  matériel  entre  l’URSSAF  et  la
               CPAM ; le CE s’est déjà prononcé en faveur de     Quoi qu’il en soit, la tension continue de monter
               cette  deuxième  option.  Les  administrateurs    fin 1968, et M.  Monthieu se trouve en position
               redoutent une perte d’autonomie en engageant      de conciliation entre ces caisses et le Conseil
               une relation avec la CRAM dans ce dossier : ils   d’administration  qui  souhaite  réagir  sous  la
               craignent une situation de subordination.         forme  d’une  réponse  écrite  et  qui  propose  le


               90 PV CA, 6 avril 1967 et 9 mai 1967
               91 PV CA, 5 juillet 1968, pp. 109-114
               92 PV CA, 28 juin 1968, p.96
               93 Op. cit,  5 juillet 1968, p.115
               94 PV CA, 27 septembre 1968, p. 137-139


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