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M.  Claussin  invoque  les  directives  nationales   ce que le Conseil estime être sa compétence sur
               pour justifier sa position, alors que le Conseil lui   divers dossiers, celui-ci va systématiquement le
               oppose la loi. Cette position légaliste n'est pas   sanctionner sur des votes cruciaux, rejetant les
               surprenante,  le  Conseil  ayant  historiquement   budgets de GA et les axes de communication 159 .
               pour fonction de surveiller l'application de la loi   M. Claussin est encore mis en difficulté lorsqu'il
               par le Directeur. Cependant, dans le cas d'es-    annonce avoir négocié avec la CNAMTS un pro-
               pèce,  l'adoption  d'une  position  aussi  tranchée   jet de rénovation du hall du siège, pour un  total
               dès le début des débats marque l'absence de       de  2,971  millions  d'euros  160  .  Le  Conseil  met
               volonté des conseillers, menés par M. Giusti, de   alors en place une commission ad hoc d’étude
               trouver  un  terrain  d'entente :  le  Conseil  tente   du  projet 161  :  M.  Claussin  refuse  de  lui  trans-
               d'imposer sa volonté à tout prix. Alors que M.    mettre  les  documents  au  motif  de  l'incompé-
               Claussin  accepte  finalement  de  donner  toutes   tence du Conseil, alors même que la CNAMTS
               les  informations  nécessaires  au  Conseil  mais   et la Mission Nationale de Contrôle (MNC) ont
               refuse de retarder l'exécution du projet, le Con-  validé la décision du Conseil 162 . Le conflit durera
               seil en vote la suspension à 22 voix contre 1 157 .   jusqu'au départ de M. Claussin en 2014, rem-
                                                                 placé par M. Davila 163 . Dans le même temps, le
               La  situation  est  problématique.  D'abord  parce   Direction opère les mutations prévues, l'accueil
               que  le  monde  politique  extérieur  s'invite  à  la   du  siège  est  rénové  et  la  CPAM  se  retrouve
               table des négociations en saisissant le Conseil,   engagée  dans  un  contentieux  devant  le  juge
               favorisant  un  climat  de  défiance  basé  sur  le   administratif  avec  la  mairie  de  Villefranche  de
               postulat d'une certaine opacité dans l'action de   Lauragais  pour  la  propriété  des  espaces  de
               la  Direction  et  déclenchant  un  conflit  qui  va   stationnement attenants de l'immeuble 164 .
               prendre  des  proportions  sans  précédent.  Cet
               événement  traduit  un  dysfonctionnement  qui    2. Le dossier Oncopole, dernière bataille du
               semble reposer sur une forte opposition entre le   Conseil de l'ère Giusti
               Président et le Directeur.
               Ensuite car cette crise va progressivement alté-  L'Oncopole  est  le  résultat  d'une  coordination
               rer la relation Direction-Conseil, révélant par-là   entre différents acteurs publics et privés afin de
               l'impuissance des conseillers dans leur fonction   créer un pôle de recherche et de formation inno-
               de contrôle des actes du Directeur. Alors que la   vant à Toulouse pour la lutte contre le cancer.
               posture du Conseil est basée sur des arguments    Installé  sur  l'ancien  site  d'AZF,  les  conseillers
               « légaux », la Direction va maintenir sa décision   soulignent  la  nécessité  d’implanter  un  accueil
               en dépit des votes de suspension de la vente      sur place. Le sujet est discuté plusieurs fois en
               des immeubles 158 . M. Claussin va progressive-   Conseil depuis 2010 165 , et c'est en octobre 2010
               ment  puis  systématiquement  mettre  en  avant   que le débat tourne au conflit.
               les  directives  nationales  pour  se  défendre,  di-
               rectives que les conseillers vont réclamer, alors   Alors  que  M.  Giusti  ne  cesse  de  harceler  la
               que le Conseil va adopter une position légaliste   direction dans la gestion du dossier immobilier,
               dure. Cette tendance marque une rupture dans      M. Claussin fait part de sa ferme opposition au
               les processus de coopération alors que le Direc-  projet. Pour lui, le CPG et les restrictions budgé-
               teur  se  « déculpabilise »  et  refuse  de  plus  en   taires  interdisent  une  nouvelle  implantation  166
               plus souvent un dialogue qui tourne systémati-    pendant que la Direction est en pleine « rationa-
               quement à l'agression, la charge étant menée      lisation »  du  parc  immobilier  et  que  la  CPAM
               par le Président Giusti.                          perd  chaque  année  du  personnel.  De  plus,  la
                                                                 CNAMTS ne s'est pas prononcée sur le sujet : il
               Cette crise va s'étendre à d'autres secteurs. La   y voit un frein à la logique d’amélioration du ser-
               Direction ne tenant pas compte des votes et de    vice 167 , pierre angulaire de son action à la CPAM.



               157  Ibid, pp. 10 et suivantes
               158  PV Conseil, 25 février 2010, p. 10
               159  PV Conseil, 25 mars 2013, pp. 6-7 pour la GA et PV Conseil 22 avril 2013, p. 14 pour les axes de communication
               160  PV Conseil, 25 juin 2012, p. 12 et PV CA, 5 novembre 2012, p. 13
               161  PV Conseil, 22 avril 2013, pp. 15 et suivantes
               162  Ibid, p. 17
               163  PV Conseil, 3 février 2014, pp. 7-8 et PV CA, 24 mars 2014.
               164  PV Conseil, 2 juillet 2015, p. 5
               165  PV Conseil, 17 décembre 2012, p. 8
               166  PV Conseil, 8 octobre 2012, pp. 2 et suivantes
               167  Ibid.
               Pour M. Claussin : « La vocation fondamentale d'une CPAM est de rendre le meilleur service possible ». Cette déclaration du
               Directeur de la CPAM est l'aboutissement de 20 ans de politiques publiques en faveur de la logique du service, plus


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