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boutiquiers, abdiquant toute ambition historique, bon clergé, dûment réformé c’est-à-dire pourvu
sans vertu, hostile aux supériorités naturelles, de famille et donnant l’exemple des vertus fami-
incapable de produire des grands hommes, in- liales et sociales, dévoué à la patrie, lui inspire
tellectuellement stérile, moralement inférieure, « l’acceptation d’une société supérieure, le res-
victime de l’égoïsme, « source du socialisme », pect des sciences et de la vertu, l’esprit de sacri-
et de la jalousie « source de la démocratie », im- fice et de dévouement ».
propre à la guerre qui trempe les grandes Ex oriente lux. À l’Est le renouveau. Les pays
nations. Débilitation de l’intelligence, anémie de d’Ancien Régime, la Prusse, plus lointainement
la volonté : la France est victime de son mépris la Russie, nous donnent les clés du renouveau :
pour la science et de son « catholicisme étroit ». ordre, discipline, hiérarchies sociales structu-
Il faut reconstruire notre système universitaire et rées, vertus guerrières. Le nord protestant, indi-
repenser sa place dans la Nation, réformer l’en- vidualiste, responsable, réservé, moral, travail-
seignement et la religion. Faiblesse congénitale leur, sérieux et consciencieux, l’emporte sur une
des institutions démocratiques reposant sur latinité abêtie par un catholicisme borné, encline
l’élection et le suffrage universel, c’est-à-dire la à l’assistance, docile au despotisme, immorale,
loi du nombre, et l’émergence d’une roture sans paresseuse, grégaire, brouillonne, bruyante,
qualité, épaisse et sans âme, « ne comprenant ni anarchique, versatile, sans foi. Le darwinisme
le privilège de l’esprit, ni celui de l’épée ». La spencérien de type civilisationnel apporte sa con-
raison politique n’émane pas de la masse. L’idée tribution au titre de la struggle for life (lutte pour
abstraite de l’État est impuissante à soutenir une la vie). L’origine de la propriété procède de la
nation où les vertus font défaut, et génère une conquête, non du travail comme le prétendait
société de faibles, incapable de se défendre ni Locke. La « colonisation en grand » est une né-
de comprendre la guerre devenue un objet cessité politique de premier ordre qui désamorce
scientifique à part entière, inintelligible aux dé- le socialisme et la lutte des classes, et rétablit la
mocraties. Renan copie le militarisme prussien et juste hiérarchie des races dominatrices et domi-
trouve des accents dérivés de Joseph de Maistre nées. Enfin les nations sont animées d’une âme
et de Nietzsche : la guerre est une « condition du collective qui décide de leur vocation : les Chi-
progrès, le coup de fouet qui empêche un pays nois sont ouvriers, les Nègres travailleurs de la
de s’endormir, en forçant la médiocrité satisfaite terre, les Européens sont une race de maîtres et
d’elle-même à sortir de son apathie ». de soldats.
Renan dénonce, dans la démocratie, une inver-
Rendre aux élites leur place sion généralisée des valeurs : rut des basses
passions, inculture et mépris de la science, perte
La France a besoin d’un Principe et d’un Prince, du sens de l’honneur et de la noblesse, déshé-
d’une monarchie héréditaire dont l’institution est rence du métier des armes et de la vie de l’esprit,
transcendantale, méta-historique : « La dynastie promotion de l’affairisme et de la crapule, sou-
est en un sens antérieure et supérieure à la na- mission à un césarisme de parvenu et à une reli-
tion puisque c’est la dynastie qui a fait la nation. » gion superstitieuse et débilitante. Tels sont les
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L’hérédité en lieu et place de l’élection . Le maux. Les remèdes consistent en leur contraire :
Prince s’entoure naturellement d’aristocrates. Il arrimer la nation à une dynastie solide et perpé-
est deux sortes d’aristocratie : une aristocratie tuelle, reposant sur deux colonnes : un sacer-
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héréditaire vouée aux choses de la guerre ; une doce intellectuel disposant d’une totale liberté de
aristocratie acquise, fondée sur les supériorités pensée, produit de l’excellence de la sélection, et
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naturelles , dédiée aux choses de l’esprit : « Il une noblesse d’épée héréditaire vouée à la ré-
faut un centre aristocratique permanent, conser- flexion et au sacrifice des choses de la guerre.
vant l’art, la science, le goût, contre le béotisme La Réforme intellectuelle et morale est l’illus-
démocratique et provincial. » Les Universités tration sans défaut de la trifonctionnalité dumézi-
constituées en caste sacerdotale laïque sélec- lienne et aryenne.
tionnent ces aristocrates de l’esprit, élevés dans
le sentiment de leur supériorité, auxquels la Lorsque Renan dénonce des principes faux et
science délivre un « titre de noblesse ». Le privi- les conditions de leur correction, Taine expose la
lège de la caste intellectuelle consiste en une genèse de ces principes, l’historien se faisant cli-
totale liberté de pensée et de parole à l’intérieur nicien d’une physiologie et d’une hallucination
de ces foyers fermés où se fécondera l’élite. collectives. L’atelier de l’historien devient labora-
Quant au peuple, pour Renan comme pour toire ; Sa méthode transforme le passé en
Voltaire, seule lui convient la résignation ; Qu’un expérience.

80 « Quand il s’agit de la désignation du souverain ou des choses militaires, le critérium de la naissance s’impose presque
nécessairement. »
81 « Qu’est-ce que la noblesse, en effet, si ce n’est la fonction militaire considérée comme héréditaire et mise au premier
rang des fonctions sociales ? »
82 « La réflexion apprend que la raison est le résultat de l’aperception d’un petit nombre d’individus privilégiés. »

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